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Sauveur Carlus

graphiste, illustrateur, peintre, auteur, compositeur, interprète

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Court métrage Pimprenelle

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Séquence 1/ int/jour


Grand hall d’un immeuble. Une jeune femme le traverse et emprunte l’ascenseur. Elle est habillée simplement, d’un imperméable, et ses grands cheveux noirs sont lâchés. Elle tient une valise.


Arrivée à l’étage désiré, elle sonne à la porte.


La porte s’ouvre. Une femme de maison apparaît dans l’entrebâillement.


La femme de maison


Oui ?


La jeune femme


Bonjour, je suis Soria… La fée Pimprenelle.


La femme de maison


Ah !... Oui ! la fée… On vous attendait. Je vous en prie, entrez donc !


La jeune femme pénètre dans l’appartement. On entend des cris d’enfants et de la musique, provenant sans doute d’une pièce voisine.


La femme de maison


Veuillez m’attendre ici, je vous prie. Je vais prévenir Madame.


Soria reste un temps dans l’entrée. Un grand tableau de maître y trône, sur le mur. Soria semble l’étudier, d’un air distrait cependant. Au fond, toujours les cris d’enfants…



Séquence 2/ int/jour (même hall d’appartement)


La bonne revient, suivie d’une femme d’une quarantaine d’années, la maîtresse de maison.


La maîtresse de maison (s’arrêtant net devant Soria)


Ah ! donc c’est vous la… la…


Soria (un étonnement furtif dans les yeux)


La fée… Pimprenelle, c’est cela.


Elle avance la main, le plus droit et le plus fermement possible.


La maîtresse de maison (hiératique)


Je suis la mère d’Éléonore… (Et puis après un bref temps de réflexion). Elle a 7 ans aujourd’hui, et j’avais demandé à ce qu’on m’envoie une fée pour son anniversaire…


Gros plan sur le visage de Soria. Jeune femme d’origine marocaine, Soria a effectivement de longs cheveux noirs et la peau un peu mate.


La maîtresse de maison (reprenant)


… Il doit y avoir une erreur.


Temps incertain de silence et de confusion.


La maîtresse de maison (à la gouvernante restée en retrait)


Yvonne, venez un instant, je vous prie.


La maîtresse de maison et sa gouvernante quittent le hall et laissent Soria seule et déconcertée. Elle tient sa valise à bout de bras et regarde à présent le vide.


La gouvernante (hors champ)


C’est bon, Mademoiselle… On y va.


Soria (relevant la tête)


(Et dans sa voix, tout comme dans son regard, soudain une lueur qui montre qu’elle ne veut pas céder au désarroi) Auriez-vous une chambre ou une salle de bain où je puisse me changer… ?



Séquence 3/ int/jour (toilettes)


La bonne ouvre une porte et présente à Soria l’endroit où elle pourra donc se changer. Horreur ! Des toilettes extrêmement exiguës, servant d’ailleurs plus de débarras qu’autre chose car une échelle entrave le passage et un amoncellement de cartons divers obstrue le peu d’espace qui reste. Les murs sont souillés.

Soria regarde tout ça avec un mélange de dégoût et d’humiliation. Pourtant son visage reste quasi impassible et son profil aquilin continue de montrer sa ténacité, sa volonté, sa solidité face à l’adversité et l’affront à présent plus qu’évidents.

Dans ce décor sale et misérable, si éloigné du luxe du reste de l’appartement, elle se change et revêt un à un ses atours de fée.


Voix hors champ de plus en plus forte des enfants qui s’amusent et qui, forcément, attendent la fée.


Soria ouvre la porte qui grince et tremblote sur ses gonds.


La bonne qui attendait derrière comme une geôlière regarde Soria apparaître, plus belle encore ainsi vêtue. Beauté d’autant plus improbable que Soria sort d’un rebus. Premier tour de magie peut-être : une étoile jaillissant d’un trou noir…


La bonne (dépitée)


Madame demande si pour les cheveux vous avez prévu quelque chose. Une perruque… de fée !


Soria (sèchement)


Non.



Séquence 4/ int/jour (salon des enfants)


La porte couverte de miroirs s’ouvre. La bonne laisse tout de suite le passage à la fée.


Les enfants (en chœur)


Oh ! qu’elle est belle !


Soria


Bonjour les enfants ! Je suis la fée Pimprenelle.


Les enfants (en chœur)


Bonjour Pimprenelle !


Une petite fille (tout émerveillée, s’approchant)


Tu viens d’où ? de quelle planète ?


Soria (s’asseyant et invitant les enfants à faire de même)


Je viens de la planète des étoiles.


Les enfants s’assoient et entourent Pimprenelle. Entre eux s’instaure un dialogue. Le silence autour d’eux mêlant concentration et émerveillement contraste avec l’agitation dans laquelle les enfants se trouvaient en attendant la fée. La magie semble opérer.


Un petit garçon


La planète des étoiles, c’est loin… ?


Éléonore (dont c’est l’anniversaire)


Moi, Pimprenelle, elle me l’a dit à moi parce que c’est mon anniversaire… Elle habite très, très loin, sur une planète où tout est différent d’ici…


Un garçon


Ah ! c’est pour ça que t’as les cheveux noirs ?


La petite fille du début (ne laissant pas le temps à Soria de répondre)


Ah ! mais y en a même qui ont des cheveux gris parfois…


Etc, etc…


La mère entrebâille la porte à un moment donné, étonnée d’un tel silence. Elle hésite, puis ouvre en grand et fait entrer la bonne munie du gâteau et des bougies allumées.


La mère (interrompant la conversation)


Allez, les enfants ! on chante : « Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire, Éléonore… »


La bonne pose le gâteau au milieu des enfants. La mère d’Éléonore, elle, prend des photos. Comme sa fille se trouve juste à côté de Soria, elle fait signe à cette dernière de sortir du champ.

La bonne la reconduit d’ailleurs directement dehors. Les enfants, distraits par le gâteau, ne s’aperçoivent de rien.



Séquence 5/ int/jour (de nouveau dans les toilettes)


Soria ôte son chapeau. Elle semble lessivée. Elle se laisse tomber sur la cuvette et met son visage entre ses mains.


Voix des enfants (au loin dans le salon)


Mais elle est où, la fée ?


La mère (au loin, idem)


Elle est partie…


Les enfants (toujours hors champ)


Déjà ? Mais elle avait promis de nous emmener sur sa planète…


Un temps passe.


Petite voix de fillette (Éléonore)


Pimprenelle ?


Soria relève brusquement son visage. Son maquillage a coulé. Elle a pleuré. Éléonore a trouvé sa cachette. Elle a entrebâillé la porte des toilettes et l’observe.


Éléonore


Je savais bien que t’étais pas encore partie. Les fées, ça se cache toujours dans une armoire, un placard ou quelque chose comme ça.


Soria (un peu gênée)


Tu ne dois pas rester ici… Moi-même je dois me dépêcher…


Éléonore


Mais tu as pleuré ?!


Soria (se relevant et entreprenant de rassembler toutes ses affaires)


Oui, non… enfin oui.


Éléonore (l’air soudain contrarié)


Pourquoi ? J’savais pas que ça pleurait, les fées.


Soria (s’agenouillant alors devant la petite fille)


Oh si ! les fées peuvent pleurer… Mais simplement de joie. Les fées, si elles pleurent, ne versent que des larmes de joie…


Éléonore (le visage s’éclairant de nouveau)


Ah ! alors tu es heureuse… ?


Soria (prenant la petite dans ses bras)


Oui ! énormément.


De nouveau, des larmes perlent dans ses yeux.




Séquence 6/ (générique de fin)


Scène parlée sur le générique sans l’image. Le son s’atténuera peu à peu au profit de la musique.


Éléonore (presque chantonnant)


J’ai vu la fée ! j’ai vu la fée !


Sa mère


Éléonore ! Tes amis sont partis maintenant. Alors va prendre ton bain. (Et appelant la bonne) Yvonne ! allez faire couler le bain d’Éléonore.


Éléonore


J’ai vu la fée ! Elle était cachée dans le placard…


Sa mère


Bon Élénore ! que je ne te le redise pas, et arrête de tourner ainsi… !


Éléonore


Comme elle était belle avec sa grande robe bleue et ses cheveux noirs !

Galerie photos

Scénario

Revue de presse

Historique du film